Cette nuit-là
Pardonnez si sa vie est très animée, voire parfois comique…
Même si l’humour demeure, malgré ses efforts évidents ; elle reste
cependant surpassée par une tragédie que l’on devine aussi rapidement que
notre sourire oublie sa présence sur notre visage.
Nous avions passé tranquillement une
partie de la nuit du 19 juillet à danser, parler, rire, manger ; ou bien
même boire quelques verres. Je croyais mon cher amant endormi, et je n’osais
bouger par peur de troubler son paisible sommeil. Au début de l’après-midi, je
m’aperçus qu’il ne dormait plus. J’approchai ma tête de la sienne, pour lui
prendre quelques baisés volés. Il était alors 15h30 ; lorsque la sonnerie
de mon téléphone portable retentit. C’était alors une personne de la plus haute
importance ; ma Maman. Sa voix… Sa voix n’était pas habituelle. Je ressentis les sanglots qui pouvaient ruisseler sur son doux visage. Et là, à cet
instant précis ; c’était la fin. Mon oncle, avait délaissé son dernier
soupir. Oh Mon Dieu… Pourquoi ? Ses larmes coulaient encore et toujours.
Ses soupirs fréquents. Son silence à toutes mes interrogations. Le serrement de
mes mains, dans lesquelles je continuais de tenir celle de mon amant, me firent
connaitre que c’était le début de ce long fleuve fragile !
N’exigez point de moi que je vous
délivre mes sentiments, que je vous rapporte ce manque en moi. Toutes ces
marques d’amour qu’il a pu me délivrer, au moment même où il expirait; je ne
pourrai les oublier. C’est tout ce que j’ai la force de vous apprendre de cet évènement invivable.
(Contrainte : un récit nocturne. Ici, inspiré d'un extrait de Manon Lescaut (Antoine-François Prévost, 1731)